LE BENIN, PAYS CONTRIBUTEUR AU RAPPORT

Bientôt, l’intégralité de la version française du rapport

« L’IA comme bien public : Garantir un contrôle démocratique de l’IA dans l’espace informationnel ». Tel est le titre du rapport publié par le Forum sur l’information et la démocratie, le 28 février 2024. Un rapport auquel le Bénin a contribué en tant que membre du Partenariat international pour l’information et la démocratie, un accord intergouvernemental réunissant une cinquantaine de pays dans le monde, engagés à promouvoir l’accès à une information libre, indépendante, pluraliste et fiable.

Plus de 200 recommandations de politiques publiques. C’est à quoi se sont attelés les experts du groupe de travail mis en place par le Forum sur l’information et la démocratie, entité créée pour mettre en œuvre le Partenariat international pour l’information et la démocratie. Le rapport du groupe de travail appelle ouvertement à un changement de paradigme pour traiter l’intelligence artificielle (IA) comme un bien public afin de la rendre bénéfique pour la société et la démocratie.

Les experts réunis au siège de l’ONG ALCRER lors de l’atelier de réflexion organiser pour poser les bases de la contribution du Bénin au rapport général

Les recommandations ont été élaborées par un Groupe de travail international comprenant 14 membres issus de disciplines diverses et de 13 pays sur tous les continents. Pendant plus de 6 mois, ils ont travaillé dans le cadre d’un processus inclusif et consultatif, recueillant des contributions de plus de 150 experts du monde entier dont 6 experts béninois mobilisés par l’ONG ALCRER.

Présenté par Christophe Deloire, président du Forum sur l’information et la démocratie, lors d’un événement de lancement mondial organisé, le 28 février dernier dans 5 villes à travers 4 continents, le rapport fournit des recommandations clés à l’attention des gouvernements, de l’industrie et des parties prenantes pertinentes.

« Les démocraties doivent cesser de permettre aux entreprises de la tech de dicter la trajectoire de la technologie, de s’emparer du récit politique et d’orienter les agendas. Des solutions existent pour construire un espace mondial de l’information et de la communication propice à la démocratie, qui crée de la valeur pour les personnes non seulement en tant que consommateurs, mais surtout en tant que citoyens. Nous présentons ces solutions aujourd’hui. Elles appellent à la mise en place d’un cadre encourageant les entreprises qui développent et déploient des systèmes d’IA à mettre en œuvre des procédures démocratiques, des mesures pour un développement et une utilisation éthiques de l’IA et l’établissement d’un régime de responsabilité, de gouvernance et de surveillance », souligne Michael Bąk, Directeur exécutif du Forum sur l’information et la démocratie. « Nous appelons cela l’IA du ‘commerce équitable’ ou Fair Trade AI », a-t-il ajouté.

Les événements récents ont montré le pouvoir destructeur que l’IA peut avoir sur les processus politiques. Les deepfakes de personnalités politiques peuvent influencer des élections, et les systèmes d’IA peuvent amplifier les contenus qui aggravent les conflits et les crises. Les chatbots ont déjà fourni des informations incorrectes sur les élections. Les systèmes d’IA peuvent reproduire les inégalités et les hégémonies culturelles existantes et conduire à la discrimination et aux partis pris.

Pourtant, l’IA présente également des possibilités inexploitées pour renforcer la production d’information, l’analyse des données et l’accès à l’information.

« Si le développement et l’utilisation de l’IA continuent sur cette lancée, cela soulève d’importantes difficultés pour l’environnement informationnel qui nourrit les processus démocratiques. Nous sommes à la veille d’un changement majeur dans le paysage de la gouvernance de l’IA, passant des idées à la régulation. Il est temps pour les États d’agir, et notre feuille de route vise à aider les décideurs politiques à défendre la démocratie », expliquent Laura Schertel Mendes et Jonathan Stray, co-présidents du groupe de travail.

Quelques recommandations majeures du rapport

Le rapport a notamment recommandé de :

  • Favoriser la création d’un système de certification adapté pour les entreprises d’IA, inspiré par le succès du système de certification du commerce équitable (Fair Trade AI).
  • Établir des normes régissant l’authenticité et la provenance du contenu, y compris l’authentification de l’auteur.
  • Mettre en place un cadre juridique définissant clairement les droits des individus, y compris le droit à l’information, à recevoir une explication, à contester un résultat généré par une machine et à la non-discrimination.
  • Offrir aux utilisateurs des alternatives facilement accessibles de systèmes de recommandation qui ne maximisent pas l’engagement mais s’appuient sur un classement en faveur de résultats individuels et sociétaux positifs, tels que des informations fiables, des contenus fédérateurs ou une diversité d’informations.
  • Mettre en place un processus participatif pour déterminer les règles et critères guidant la provenance et la curation des jeux de données, l’étiquetage humain des données, l’alignement et du red-teaming pour construire des systèmes d’IA inclusifs, non discriminatoires et transparents.

La contribution du Bénin

En tant que partenaire national du Forum sur l’information et la démocratie, l’ONG ALCRER a mobilisé huit experts nationaux (Marius Dossou-Yovo, Wenceslas Mahoussi, Rémy Oké, Toundé Seth Amon Dèdèhouanou, Alain Cakpo, Ratheil Houndji, Gérard Nakou et Hans Ataclè) pour élaborer des contributions qui ont été versées au groupe de travail international. Après avoir établi l’état des lieux de l’IA au Bénin, les experts ont formulé des recommandations qui, selon Gervais Loko, chargé de programme à ALCRER, ont notamment porté sur « les garde-fous pour le développement et le déploiement des systèmes d’IA, les régimes de responsabilité et de reddition des comptes pour les développeurs, les déployeurs, les utilisateurs et les sujets des systèmes d’IA et enfin la gouvernance des systèmes d’IA ». Il ajoute que les recommandations du Bénin ont été bien prises en compte dans le rapport final du Forum dans la mesure où « des recommandations comme la mise en place de systèmes d’IA sûrs et inclusifs, la création de mécanismes de redevabilité et d’incitations pour une IA éthique et de nouveaux mécanismes de gouvernance font écho à ce que nous avions proposé au niveau national).

Grâce à l’appui du Forum, ALCRER tiendra, le 17 avril 2024 à Cotonou, un atelier de restitution du rapport qui sera présidé par une représentante du Forum. L’atelier discutera de l’implémentation de certaines recommandations dans le contexte béninois. Il s’agit notamment de celles liées à l’établissement des régimes de responsabilité́ et des mécanismes de recours, des conséquences de l’IA sur les élections et de la mise en place d’une surveillance démocratique de l’IA.

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