Gouvernance locale au Bénin : L’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au contact des réalités des cellules de participation citoyenne de l’Atacora
Du 29 mai au 2 juin, l’économiste de l’ambassade du Royaume des Pays-Bas a conduit une tournée dans les communes de Natitingou, Toucountouna, Cobly, Kouande et Péhunco. Une mission de suivi de la mise en œuvre du programme de participation citoyenne aux politiques publiques au Bénin pour le développement économique local (PartiCiP au DEL) qui a permis d’apprécier l’état de collaboration entre les autorités communales et les cellules de participation citoyenne (CPC).
Les relations entre les mairies et les CPC sont au beau fixe malgré quelques difficultés, contraintes et défis à relever. C’est la conclusion à laquelle est parvenu l’économiste de l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas dans cinq communes de l’Atacora. Emmanuel Akakpo, économiste à l’Ambassade du Royaume des Pays-Bas au Bénin en charge du suivi des programmes de gouvernance, accompagné de Gervais Loko, chargé de programme à ALCRER, a échangé avec les autorités communales et les membres des CPC tout au long de la semaine dernière. A chaque étape, il y a eu deux séquences : un tête-à-tête entre la délégation et les acteurs communaux puis une visite d’un chantier sur lequel la CPC a effectué avec efficacité un suivi citoyen.
Lors de chaque tête-à-tête, après les présentations d’usage, M. Akakpo a fait le point des interventions de son institution au Bénin dans les domaines de l’agriculture (sécurité alimentaire), l’eau, l’appui au secteur privé, l’appui à la société civile, etc. Quel que soit le domaine, a-t-il ajouté, l’Ambassade met un accent particulier sur la gouvernance dont la participation des communautés est un principe important. Il est revenu sur les enjeux de la phase actuelle de PartiCiP dont une bonne partie est consacrée à la promotion de l’économie locale. « C’est une demande formulée par les communes elles-mêmes et c’est pertinent car c’est dans la mesure d’une bonne performance dans le recouvrement des recettes que les mairies pourront satisfaire au mieux les besoins exprimés par les populations », a-t-il déclaré en saluant le rôle d’intermédiation sociale des CPC et en les invitant à assurer ce rôle « comme un partenaire des autorités communales et non comme un gendarme ».
Par un jeu de questions-réponses avec les acteurs hôtes, les échanges se sont poursuivis sur la mise en œuvre du programme PartiCiP au DEL en général et sur l’état de la collaboration entre les autorités communales et les CPC en particulier.
Une veille citoyenne appréciée par les mairies
Les membres des CPC ont présenté leurs missions, quelques succès obtenus ces dernières années, notamment en matière de suivi citoyen de la matérialité des investissements publics communaux (visites de chantiers), de suivi citoyen des marchés publics, d’organisation des audiences publiques de reddition des comptes, de collecte des doléances des populations pour les présenter aux autorités sous forme de plaidoyer, etc.
Quant aux autorités communales, elles ont reconnu unanimement le mérite des CPC et la « franche collaboration » qu’il y a entre les deux parties depuis 2013 où les CPC de l’Atacora ont été mises sur pied et 2015 où elles ont démarré leurs activités. « C’est un outil qui facilite le dialogue avec les communautés. Sans la CPC, il subsiste beaucoup d’incompréhensions sur les réformes que nous voulons mener. C’est pourquoi, nous les impliquons systématiquement dans la chaîne de mise en œuvre de nos politiques publiques », souligne Boni Matchoudo, secrétaire exécutif de la commune de Ouassa-Péhunco, citant quelques exemples de domaines dans lesquels la mairie associe la CPC : la planification du développement local (PDC, PAI, budget), la mobilisation des recettes à travers la sensibilisation sur le civisme fiscal, l’organisation d’audiences publiques de reddition des comptes, l’exécution des marchés publics (remise de site, suivi des chantiers, réception des travaux).
Le Maire de Kouandé, Sanni Didier Kouandé-Sounon, a particulièrement apprécié l’engagement de la CPC dans la mise en œuvre de l’approche du Budget participatif, notamment dans les étapes d’identification des besoins et les arbitrages successifs jusqu’à la rétention des projets à mettre en œuvre par la mairie.
« Ici à Cobly, nous apprécions la façon dont la CPC se comporte comme un partenaire de la mairie et non comme un gendarme derrière un malfrat », a indiqué l’ancien secrétaire général de la commune qui se souvient avoir signé un mémorandum d’entente avec la CPC en 2020. « Les populations les écoutent mieux que nous-mêmes…Nous apprécions leur appui dans le développement local », justifie Gnamou Comlan Yimpo qui a dirigé les échanges en lieu et place du Maire de Cobly absent.
La secrétaire exécutive de Toucountouna, Sidonie Houndonougbo, salue également le dynamisme de la CPC : « je travaille officiellement et officieusement avec les membres de la CPC …parce qu’ils connaissent le terrain mieux que moi ».
Le directeur des services techniques de la commune de Natitingou, Stanislas Lantokpodé, arrivé à son poste il y a environ dix mois, n’est pas encore très habitué à la CPC mais, dit-il, « tout le bien que j’ai appris d’eux auprès de mon prédécesseur me convainc de la nécessité à continuer à collaborer avec eux ».
L’implication des CPC comme une exigence dans un nouveau projet sur l’eau
A l’issue des échanges, la délégation et les CPC ont effectué, parfois ensemble avec les cadres techniques de la mairie (Cobly, Natitingou), des visites sur des chantiers où les CPC ont assuré un contrôle citoyen des travaux. La veille citoyenne sur les chantiers de construction d’infrastructures sociocommunautaires est particulièrement appréciée par les autorités communales : « nous ne pouvons pas être partout à la fois. La CPC nous aide à continuer à avoir un œil sur certains chantiers quand nous avons le dos tourné. Les entrepreneurs se sentent surveillés. Même s’ils ne sont pas des techniciens en la matière, les membres des CPC sont d’un grand soutien pour nous », a témoigné le chef du service technique de Natitingou, Faustin Tchoropa.
C’est sans doute en raison de cette efficacité que les CPC sont prises en compte dans le nouveau projet d’alimentation en eau potable financé par les Pays-Bas dans le nord-Bénin à hauteur de 40 milliards de francs CFA. Ainsi, lors des étapes de Natitingou, Toucountouna et de Cobly, le représentant de l’Ambassade a porté à la connaissance des acteurs communaux le démarrage prochain d’un nouveau projet d’alimentation en eau financé par son institution dans les communes de Natitingou, Toucountouna, Cobly, Copargo, Karimama et Gogounou. L’implication des CPC dans ce projet est une conditionnalité posée par l’Ambassade et le bailleur, Invest International.
Les autorités ont informé la délégation qu’elles ont tenu, dans le cadre de ce projet, une séance de travail, le mardi 22 mai 2023, avec l’agence Acacia Water, chargée des études de faisabilité. A cette rencontre, les CPC voire les ACEP des trois communes ont déclaré avoir effectivement pris part sur invitation des mairies. Le représentant de l’Ambassade s’est dit satisfait d’apprendre que l’implication souhaitée des CPC soit déjà à l’œuvre.

