Le Maire Jonas Babatoundé HOUESSOU au sujet des défis économiques de sa commune: A Ouinhi, « développer le partenariat public-privé est un défi »
De grands défis attendent la commune de Ouinhi. En l’absence d’un répertoire économique bien élaboré, les autorités communales n’arrivent pas vraiment à exploiter les offres des opérateurs privés. Mieux, il n’y pas un creuset d’échange formel entre ces privés et la mairie. Dans le cadre des séances avec les acteurs, organisées le 14 Février 2023 par le Programme PartiCiP au DEL dans la commune, Jonas Babatoundé HOUESSOU, Maire de Ouinhi a reconnu les nombreux défis qui attendent sa commune en matière de développement économique axé sur la valorisation des potentialités locales.
Vous avez suivi de bout en bout la séance d’échange avec les acteurs sur le développement économique et local, quels sont les grands enseignements que vous avez tirés de cette séance ?
Jonas Babatoundé HOUESSOU: je suis vraiment satisfait de la tenue de cette séance. Satisfait sur plusieurs plans parce qu’il y a des potentialités sur lesquelles les communes ou les maires dorment alors que si on les identifie, on fait tout pour les exploiter, ces potentialités permettraient le développement de nos communes. Aussi avec les partenaires, s’il peut avoir un certain arrimage des actions, le développement des communes serait une réalité. Donc, abordant la question, la tenue de la présente séance nous a permis de nous réévaluer par rapport à tout ce qu’on faisait pour le développement économique et local. Ensuite on a identifié les autres potentialités qui pourraient booster ce développement, par conséquent, cette séance nous satisfait sur plusieurs plans.
Vous venez de dire que cette séance vous a permis d’évaluer ce que vous faisiez avant en la matière de DEL. Dites-nous quelles étaient ces choses ?
Dans la commune de Ouinhi, chaque année on fait un budget en tenant compte de nos ressources en tout genre surtout concernant la promotion de l’économie locale. On évalue d’abord nos différentes ressources de financement. Pour la mobilisation de ressources propres on s’appuie sous nos potentialités économiques. Actuellement, nous n’avons pas de grandes sources de revenus en dehors de l’exploitation des carrières et des ressources fiscales et non fiscales. Concernant l’exploitation de nos carrières, nous n’avons que le sable fluvial en abondance parce que la commune est longée par le fleuve Ouémé sur 45km. Alors cette situation géographique nous permet d’avoir assez de carrières de sables fluviaux que nous mettons en exploitation. On se base sur ces différentes sources de financement pour voir comment on peut avoir comme recette dans le compte des ressources propres. La commune de Ouinhi dispose d’une source d’eau thermale cependant peu exploitée ou pas du tout exploitée. Nous avons pu faire l’affermage de certaines sources d’approvisionnement en eau potable. Mais l’exploitation à grande échelle de nos sources thermales n’est pas encore amorcée.
Au cours de la séance, l’idée de diversifier vos sources de revenus en exploitant les aires de jeu, les espaces ludiques est abordée. En réponse à cela, vous avez affirmé que vous avez des difficultés de ce côté-là. Comment est-ce que ces difficultés s’expriment ?
Oui. Il est vrai que nous avons assez de difficultés à exploiter certains espaces. Tout d’abord, ils ne sont pas entretenus ; disons même que dans la commune nous n’avons pas de stade omnisport. Le seul terrain est à une superficie très réduite. Le territoire de Ouinhi n’est pas loti. On n’a pas de réserve administrative suivant les normes. La commune étant encore rurale, tout ce que nous avons comme espace du territoire relèvent des acquis de la révolution. Certains domaines administratifs sont des domaines usurpés par certains propriétaires terriens qui brandissent ou non des actes de donation. Voilà autant de difficultés que nous avons. Actuellement, nous sommes en train de mener des démarches pour pourvoir établir des actes de donations, prendre et rendre public les arrêtés de déclaration de certains domaines d’utilités publics. Donc avec ces difficultés on ne pourra pas se dire qu’on est en train d’exploiter comme cela se doit les espaces publics. Il y a certains espaces que nous avons mis en location pour des activités génératrices de revenus. Certains promoteurs de restaurants ont pris des espaces qu’ils exploitent avec des contrats bien signés. Il y a le manque de lotissement ; la non-disponibilité d’assez de réserve compte tenu de certaines conditions géopolitiques que nous n’arrivons pas à maitriser. Voilà pourquoi, nous avons des difficultés à investir dans les espaces ludiques
Vous évoquez des questions importantes liées au foncier. Si par exemple vous devez faire une sollicitation ou un appelle à lancer, allez-vous demander l’État central de faire diligence pour vous permettre de sécuriser votre foncier ?
Oui, si nous avons un appel à faire, nous allons le faire à l’endroit du gouvernement pour qu’il nous aide à commencer vraiment le lotissement. Nous l’avions démarré depuis 2012, mais cela s’est arrêté juste à l’état des lieux.
Cela ne concerne pas tous les arrondissements. C’est suivant certaines proximités des localités au centre que nous sommes en train de nous définir les espaces à lotir. Nous avons identifié certains endroits dans le centre de Ouinhi, les chefs-lieux des arrondissements et certaines superficies phares. Donc le gouvernement doit nous aider à reprendre ce lotissement. Nous aider sur tous les plans ; le plan financier, humain, et surtout sur le plan technique afin que ce lotissement ait vraiment lieu dans notre commune.
Autre point important abordé au cours de la séance et qui interpelle tout le monde est lié au festival Mahi Houindo. Comment se fait-il que malgré l’existence d’un festival aussi grand dans la localité, les danses traditionnelles, l’art et autres savoirs ne contribuent pas à la mobilisation des ressources ?
En toute chose il faut un guide. Avant de venir aux danses traditionnelles de la localité, parlons d’abord de Mahi Houindo. C’est vraiment un festival qui rassemble tout le peuple Mahi dont nous faisons partie. Est-ce que tout le monde participe à ce festival si ce n’est pas pendant les rares occasions où la commune de Ouinhi abrite cette fête. Alors que participer une seule fois ne permet d’appréhender tous les contours c’est-à-dire d’appréhender tous les impacts positifs qu’un tel festival pouvait apporter à la commune ou bien à l’aire Mahi ou bien à la commune qui l’abrite. Alors sur ce pan, il faut que les organisateurs de Mahi Houindo impliquent toutes les autorités à chaque fois qu’il y a l’organisation ; quelle que soit la commune qui abrite l’évènement. Venant aux danses locales de Ouinhi, oui, nous avons une kyrielle de rythmes. Depuis les temps ancestraux, de génération en génération des musiques, des rythmes se font entendre. Mais les exploiter pour avoir un attrait touristique, avoir ces impacts financiers, nous n’y avions pas pensé. C’est en cela que je parle de la nécessité d’avoir parfois guide aussi. Par exemple, sans cette séance, on n’a pas su de façon réelle comment orienter nos réflexions sur ce sujet pour attirer les touristes à travers la valorisation de nos rythmes. Donc il nous faut des guides, des partenaires qui nous aident à voir plus loin.
L’un des partenaires que vous avez à votre disposition est le secteur privé. Pour finir, dites-nous comment vous envisagez resserrer les liens pour que la collaboration soit effective et inclusive ?
Développer le partenariat public privé est un défi. C’est un défi parce qu’une seule hirondelle ne fait pas le printemps alors que nous avons besoin de nous attirer, de nous entraider pour que le développement économique local soit une réalité. Pour y parvenir, il faut vraiment une certaine harmonisation des idées, des plans d’affaires pour que chaque acteur sache ce qui lui profite afin que le développement de la commune prime surtout et non le développement d’une seule entité ou bien d’un seul partenaire. Donc par là nous souhaitons des bonnes volontés à même de nous accompagner pour que les partenaires qui ont vraiment le sens d’amour, le sens d’aide, le sens de promouvoir les communes rurales émergent complètement. Donc le partenariat public- privé reste un défi et il faut nous y aider.


